Bitch please [Charlotte/Laura] (en cours 3)

Je sors de scène, sous les applaudissements, les sifflements, toutes ces conneries. Ce soir, j'ai un terrible mal de tête. J'ai vu James avant de passer du côté scène, il était présent avec une fille qui n'était pas sa femme, dans la mi-trentaine, jolie, brune. Il m'a complètement évitée, il n'était que de passage prendre un verre en fait, ils sont ensuite montés tous les deux à l'étage... Je n'ai aucun mal à deviner où, pas la peine de trop se faire d'illusions sur son compte. J'ai toujours su que James trompait sa femme du plus loin que je me souvienne, mais il avait arrêter un temps, le temps qu'il passait presque entièrement avec moi au début. Depuis que nous nous éloignons, depuis qu'il fait mine de me laisser vivre ma vie, je n'ai plus eu vent de ses aventures, mais voilà que ce soir elle m'a été jetée au visage. J'ai dansé avec plus de fougue que n'importe quand, cette brûlante envie de séduire tous les hommes pour leur cracher leur solitude au visage en sortant de scène parce qu'ils n'auront rien de moi ni d'aucune autre fille ! Après tout, on vend du rêve, de la folie, du sexe imaginaire, ces conneries.

Je suis plutôt furieuse, n'étant plus obligée de jouer la comédie pour aguicher cette bande de véritables connards et je ramasse immédiatement ma veste que j'enfile, troublée. Je me crois seule en arrière-scène puisque la fin des shows est le moment idéal pour les danseuses d'aller faire un peu de pourboire en accompagnant les clients dans leurs verres suivants, ce qui permet aussi d'augmenter les ventes d'alcool, ce qui enchante toujours Edouard. Je soupire, baissant les yeux, ne sachant pas trop quoi faire. Je suis si en colère, si désemparée que je ne sais même pas comment me débarrasser de ces émotions carrément insupportables ! Alors que c'est le silence, que je me crois seule avec mes peines, j'entends quelques qui parle. Je lève la tête, c'est nulle autre que Charlotte. Je soupire, moi qui croyais que ça ne pouvait pas être une pire soirée

« T'as un problème, une question ? »

Nous ne sommes pas exactement les meilleures amies du monde. Pas des ennemies forcément non plus, sachant que je me la joue indifférente la plupart du temps en sa présence et qu'elle en fait de même, mais il y a quelquefois où elle arrive à se montrer particulièrement agaçante et je la déteste pour ça. D'ailleurs, elle en a toujours contre Maelya et elle, elle ne l'épargne pas. Finalement, je n'ai vraiment aucune raison de l'apprécier cette fille, encore moins si elle me regarde être au désarroi avec cet air amusé !

Aujourd'hui j'étais la première a rentrer sur scène. J'aimais bien faire l'ouverture des spectacles, puisque les gens étaient assez souvent plus généreux comme je me laissait complètement aller. Plusieurs de mes clients régulier ne venaient que pour me voir moi alors quand je passais la première, il avaient encore plus d'argent à me donner, ce qui me faisait bien plaisir.

Après ma sortie de scène j'étais allée accompagner un de nos habitué pendant le spectacle d'une autre filles. C'était un riche homme qui ne cessais de vouloir me payer pour des extra... vous voyez surement ce que je veux dire. Cependant je prenais son argent sans jamais faire ce qu'il me demandais. Bien sur j'attendais qu'ils soit assez saoul pour le faire, sinon il allait en avoir conscience.

Lorsque ce fut le tour de Laura de rentrer en scène, je quittais mon client pour me concentrer sur la jeune rouquine. Je me doutais qu'elle allait donner un bon show puisque j'avais vu James passer devant la scène quelques minutes plus tôt, en compagnie d'une femme dans la mi trentaine. Bien sur c'était loin d'être sa femme et ça tout le monde le savait bien. Je ne perdis pas une seconde du spectacle de la jeune femme. Ce qu'elle se donnait aujourd'hui. Elle faisait hurler les clients et l'argent coulait à flots. Lorsqu'elle eux fini, je me dirigeais vers l'arrière scène. Je restais quelques secondes en silence à la regarder revenir à la réalité. Elle était assez marrante à voir je dois l'admettre. Question de briser le silence je me mis à applaudir tout en m'approchant d'elle

-Bravo, beau show.. j'en connais un qui aurait été content de voir ça.

Dis-je avec mon plus beau sourire. Lorsqu'elle me demanda si j'avais un problème ou une question je lui souris d'avantage.

-Oh tiens... la petite chatte à retrouver sa langue? C'est une première... j'ai droit à plus qu'un mots de ta part. Je vais devoir faire une croix sur mon calendrier j'crois bien.

J'allais m’asseoir dans ma chaise et je m'allumais une cigarette.

-Dis, tu as vu James monter a l'étage avec cette femme? J'espère que tu n'a pas le sommeil trop léger parce qu'ils risquent d'être bruyant...

Évidemment, le seul objectif au monde que cette connasse peut avoir est de me faire enrager. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle n'a pas besoin de grand chose pour y parvenir, il suffit qu'elle me parle. J'essaie de ne pas me laisser affecter par elle parce que c'est une horrible perte de temps et que ce que j'ai besoin le plus, c'est du calme, de la tranquillité pour pouvoir réfléchir toute seule, me calmer. En fait, j'ai plutôt envie de pleurer en ce moment mais il n'est sûrement pas question que ça se passe devant elle, quelle horreur. Je soupire profondément.

« Non mais tageule. »

J'arrive à dire cela avec un certain calme, en tout cas pour la situation, et je cesse de la regarder. À quoi ça m'avance de m'énerver contre elle ? Ça ne fera rien comprendre plus clairement à James, il ne sortira pas de la chambre dans laquelle il est sûrement allé avec cette fille, il ne viendra pas me voir ni s'expliquer ni rien. Dans tous les cas, je termine cette soirée seule avec mes chagrins et tout ce que la discussion avec Charlotte peut m'apporter, c'est un chagrin encore plus lourd que ce n'est déjà le cas... Ce qui est bien difficile à battre, il faut l'admettre.

« Tu crois que tu me connais, que tu sais ce que je pense ou ce que je ressens ? T'en sais rien du tout, mêle toi de ce qui te regarde. Je doute que tu t'intéresses vraiment à ce que James fait ! »

Je sais que nier ne servirait à rien non plus. Elle sait bien trop que je suis complètement amoureuse de lui et ce, depuis fort longtemps. À vrai dire, ce qui m'étonne le plus est que si peu de gens s'en soient rendus compte jusqu'à présent. Je n'ai pas envie que ce soit le cas, mais je ne crois pas être particulièrement subtile en fait..

Oh mais c'était que la petite rouquine était à cran ce soir. Parfaitement ce que ça me prenait pour que j'ai une soirée agréable. Quoi de mieux que d'enmerder royalement Laura? Voyons voir jusqu'où je serais capable d'aller avant qu'elle ne se mette vraiment en rogne. Elle me fit la morale sur le fait que je ne la connaissais pas et que je devais me mêler de mes affaires, ce qui me fit sourire.

Tout en prenant une bouffé de ma cigarette je posais mes yeux sur la rouquine.

-Oh mais c'est que t'es de mauvais poil ce soir ma jolie.

Je lui envoyais toute la fumé de ma cigarette dans le visage avant de continuer

-Ta petite copine ne t'a pas assez satisfaite pour te détendre un peu?

Dis-je en faisant la moue.

-Comme c'est dommages tout cela.

Je la regarde, sans trop comprendre, parce qu'au fond moi non plus je ne la connais pas vraiment. Ce que je sais en revanche, c'est que rien ne lui fait plus plaisir que de me faire royalement chier et il n'y a nul besoin d'être très intelligent pour le deviner, il n'y a qu'à regarder la tronche qu'elle me sert, là maintenant, ce sourire bête et idiot. Je me surprends à éprouver pour elle la rage la plus profonde, le mépris le plus cruel, et je me dis que ce n'est pas rien que parce qu'elle m'embête, mais parce que je jette sur elle toute la frustration que j'ai accumulée ces derniers jours et à un moment, ça ne peut que finir par exploser. Elle se fait un plaisir, de toute façon, d'être exactement au bon moment pour cela.

« Ce n'est pas moi ici qui sois mal baisée.» dis-je simplement, sèchement. Le pire dans tout ça, c'est que c'est vrai. Enfin... D'un côté elle n'a pas tord, je ne suis pas pleinement satisfaite auprès de Maelya, mais ce n'est pas pour les raisons qu'elle pense. En fait, elle ne peut rien en savoir du tout, car elle n'a aucun indice - ou presque - pour avoir la certitude de mon orientation sexuelle. Moi-même j'en ai douté, même si cruellement, l'évidence me crache au visage tous les jours et malgré tout l'amour que j'éprouve pour Mae... Pauvre Mae.. « J'aimerais le savoir : qu'est-ce qui t'amuse vraiment dans le fait de voir les autres souffrir, c'est que tu n'es pas capable de sentiments positives ou simplement que tu n'as vraiment, mais vraiment rien d'autre à faire de toi ? »